Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/58

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marchandises, j’ai des raisons… pour ne pas les vendre moi-même… c’est pas par fierté, parole d’honneur ! je voudrais donc vendre ceci, mettre cela au Mont-de-Piété, troquer autre chose, etc., etc. ; mais, pour commencer ainsi, sans trop éveiller les soupçons, il faut avoir un domicile, être bien vu dans son quartier, vivre un peu de ses rentes, voilà pourquoi je te logerai bien, je te nipperai bien, je te nourrirai bien… plus tard tu auras ta commission… sur la vente… Ce que tu vois ici n’est rien… j’ai d’autres magasins… et…

— Ah ?… vous voulez vous servir de moi pour vendre le fruit de vos vols ?

— Mes marchandises, jeune homme, mes marchandises… tu t’en occuperas d’abord.

— J’aurai donc encore d’autres fonctions ?

— Plus tard, tu iras dans certaines bonnes maisons que je t’indiquerai, présenter des échantillons de cigares de contrebande… et, sous ce prétexte…

— Sous ce prétexte ?

— Ah ! ah ! voilà que ça mord ; tu faisais le dégoûté, pourtant… Eh bien ! sous ce prétexte, tu me rendras de petits services ; je te dirai lesquels.

— Voilà tout ce que vous exigerez de moi ?

— Pour le quart-d’heure, oui. Quant aux garanties des offres et des promesses que je te fais, la confiance dont je t’honore te prouve que c’est sérieux.

— Écoutez-moi bien à votre tour. Je vous connais ; vous êtes un misérable… vous avez autrefois perdu Bamboche, et parmi bien des crimes encore impunis, sans doute, vous en avez commis un affreux… vous avez violé une tombe !…