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de son mari. Je me dirigeai donc vers la rue du Mont-Blanc.

Le concierge me reconnut parfaitement ; mais, hélas ! nouvelle déconvenue, Mme de Saint-Étienne était partie, le lendemain de la mort de son mari, pour sa terre, située à plus de deux cents lieues de Paris. Écrire à cette dame, attendre sa réponse, c’était l’affaire de cinq à six jours au moins, et, dans ma position, six jours, c’était un siècle.

— Écoutez ! — dis-je au portier, qui semblait sincèrement me plaindre, — ce quartier est habité par des gens très-riches ; parmi eux, il en est sans doute de généreux, de charitables, leur nom doit être venu jusqu’à vous. Il est impossible qu’ils n’aient pas pitié de moi,… lorsque je leur aurai franchement exposé ma position… et ce que j’ai souffert depuis mon arrivée à Paris.

Le concierge hocha la tête et me répondit :

— Il y a bien des gens très-riches dans le quartier, mais… c’est le tout d’arriver jusqu’à eux, mon pauvre garçon, et encore ;… enfin,… tout ce que je peux faire pour vous,… c’est de vous donner l’adresse de M. du Tertre, le fameux banquier. On dit qu’il fait beaucoup de bien. Risquez-vous.

J’arrivai chez le banquier.

— Qui demandez-vous ? — me dit le concierge.

— M. du Tertre, banquier.

— Passez à la caisse, l’escalier à droite, à l’entresol.

Mes haillons m’eussent fait arrêter à la porte, mes vêtements convenables n’inspirèrent aucun soupçon ; je