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molard, auquel on avait prêté un manteau de gendarme, grelottait, encore inquiet et effaré, sur le devant de la voiture.

D’un côté de la calèche était à cheval le comte Duriveau, les traits assombris, l’esprit en proie à la plus profonde anxiété. Le vicomte Scipion, fidèle à son rôle d’homme insensible à toute émotion, galopait à l’autre portière, avec un calme stoïque, bien que de temps à autre un nuage passât sur son front, et qu’un mouvement convulsif plissât ses sourcils.

Le brigadier de M. Beaucadet marchait, au pas de son cheval, à la tête du second groupe qui sortit des bois, non loin de la Croix du Carrefour. Deux paysans portaient, sur un brancard, improvisé avec quelques branches d’arbres, le berceau dans lequel se trouvait le petit enfant mort : les autres paysans suivaient, tête nue, muets, tristes et recueillis.

Le brigadier, par ordre de M. Beaucadet, accompagnait ce triste cortège, qui transportait le corps de l’enfant chez l’autorité civile ; la justice et les gens de l’art devaient ensuite procéder à l’examen du corps.

Le dernier groupe qui abandonna le bois, se composait de M. Beaucadet et de quatre gendarmes. Ils suivaient, au grand trot, le chemin de la métairie du Grand-Genevrier, afin d’aller y opérer l’arrestation de Bruyère, prévenue d’infanticide.

Ensuite de cette arrestation, M. Beaucadet devait faire toute diligence, afin de signaler aux autorités le déguisement sous lequel Bamboche était parvenu à s’échapper du bois dans lequel il eût été infailliblement arrêté sans sa rencontre avec M. Alcide Dumolard.