Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/189

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des conditions si diverses depuis votre enfance jusqu’à ce jour, que ce récit simple et sincère, comme il l’est, je n’en doute pas, offre nécessairement un ample texte à de sérieuses réflexions… Quelques mots de vous à ce sujet m’ont aussi vivement frappé : — la domesticité en vous ouvrant le sanctuaire du foyer, vous avait mis à même, — me disiez-vous, — de connaître des mystères impénétrables même au médecin, même au juge, même au prêtre… ces trois confesseurs de l’âme et du corps, et la vicieuse constitution de la famille observée de ce point de vue si intime, vous avait offert, ajoutiez-vous, — les plus curieux, les plus austères enseignements,

» Ces Mémoires de votre vie, confiez-les moi ;… ce n’est pas une futile curiosité qui me porte à vous adresser cette demande, l’humanité est partout la même ; ce qui est vrai en France est vrai ici, et pour ceux qui sont appelés à avoir une large part d’action sur les hommes, l’étude de l’homme est d’un puissant et éternel intérêt ; vous dirai-je enfin que la lecture de ces Mémoires m’est encore désirable, parce qu’il y est peut-être question de moi, de mes actions, et que ces Mémoires n’ont pas été écrits pour moi, car je vous connais et je sais qu’aucune considération n’aura pu, en ce qui me touche, altérer l’indépendance de vos convictions.

» Je n’insiste pas davantage : vous comprendrez les motifs de ma réserve ; si vous me refusez, je serai certain qu’une raison, certainement honorable,