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vert en serge verte, fixée au bois par de petits clous à tête de cuivre, alors rongés par le vert de gris ; ce coffret avait dû servir d’étui à un métier à dentelle, à-peu-près pareil à celui que l’on a vu dans la chambre de Mme Perrine, auprès de son fauteuil.

Les têtes des clous destinés à retenir la serge, après avoir formé quelques grossiers arabesques sur le couvercle, s’arrondissaient en lettres cursives, qui dessinaient ce nom :

PERRINE MARTIN

Mme Perrine, à la vue du coffret, était d’abord restée frappée de stupeur, comme si elle eût cherché à rassembler ses souvenirs ; mais bientôt, en lisant à la resplendissante clarté de la lune ce nom qui était le sien, elle poussa un grand cri.

— Oh ! mon Dieu !… dame Perrine,… qu’avez-vous ?… — dit Bruyère.

Mme Perrine, sans lui répondre, prit le coffret pour l’examiner de plus près encore, et, les mains tremblantes, les yeux hagards, elle s’écria d’une voix entrecoupée, sans songer à la présence de Bruyère :

— Cet étui,… c’est à moi ;… comment se trouve-t-il ici ? je l’avais emporté,… dans cette maison,… je m’en souviens ; oui,… dans cette maison,… où l’on m’a conduite quand je n’étais pas encore… tout-à-fait folle.

— Vous,… folle ?… — s’écria Bruyère avec terreur.

— Dans cette maison, — poursuivit Mme Perrine, de plus en plus égarée, — dans cette maison, où l’on