Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/229

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mêmes, tu sais ce que nous pouvons attendre de ton oncle… C’est à nous seules, chérie, à prendre une résolution pour l’avenir… Tu as dit vrai… Dieu m’a punie de la cruauté avec laquelle j’ai parlé de cette pauvre fille des champs… Dieu m’a punie… Mais qu’il ne punisse que moi, et je le bénirai… Il y a un instant, les doutes sur l’amour de Scipion me paraissaient peu fondés… à cette heure, ils me paraissent insensés, car maintenant je m’explique la froideur apparente de Scipion :… cette froideur il se l’imposait dans votre intérêt à tous deux.

— Ah ! ma mère… — répondit Raphaële avec abattement, — à la vue de ce pauvre petit enfant mort, qui était le sien,… le regard de Scipion est resté sec et arrogant… Cela m’épouvante… Cela me fait douter de son cœur, et pourtant je sens que toujours je l’aime ; lui à présent le maître absolu de mon honneur, comme il l’est de mon cœur. Oh ! c’est affreux à penser !… Si à cette heure il manquait à sa parole… Si le mépris… l’abandon…

— Pour toi ? le mépris… l’abandon ;… mais je serais donc morte alors ! — s’écria Mme Wilson avec une incroyable énergie. — Oh ! non, non, rassure-toi, mon enfant, Scipion tiendra sa promesse… il la tiendra parce qu’il t’aime… il la tiendra… parce qu’il faut qu’il la tienne… parce qu’il n’y a pas de puissance humaine, vois-tu ?… qui puisse maintenant s’opposer à ce mariage…

— Ah ! ma mère, si vous saviez l’inflexibilité du caractère de Scipion… Oh ! s’il ne m’aime plus, rien