Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/332

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car on n’a pu mettre encore la main sur ce scélérat de Bamboche ; malgré les poursuites, il rôde toujours dans les environs, et je crains les mauvaises rencontres.

Ce disant, l’homme du roi fit de nouveau un mouvement pour monter l’escalier.

— Mon cher bon Monsieur, ne montez pas ! pour l’amour de Dieu, ne montez pas ! — s’écria la pauvre femme en joignant les mains avec effroi.

— Et pourquoi ne monterais-je pas ?

— Hélas ! mon Dieu, c’est que mon pauvre homme est couché… il avait déjà les fièvres quand est venue la mort de notre pauvre petite Bruyère… et puis après… l’annonce de votre saisie… tout ça lui a causé si grand’peine, que depuis cinq jours, il n’a pas bougé. S’il vous voyait entrer, mon cher bon Monsieur, ça lui porterait un coup trop dur.

— Il est bien douillet, le père Chervin. Quand il est attablé aux foires, le jour de marché, et qu’il lève le coude avec un compagnon, il ne se plaint pas des fièvres. Allons, il faut que j’inventorie vos meubles… finissons…

— Mon bon Monsieur, mon digne et cher Monsieur, ça tuerait mon pauvre homme… nos meubles… je vas vous les dire… ça ne sera pas long.

— Au fait, — dit l’homme du roi, voyant le soleil prêt à se coucher, et songeant qu’il avait à traverser plus de deux lieues de bruyères désertes et de forêts de sapin, parfaitement solitaires, qui pouvaient offrir un excellent refuge au terrible Bamboche, — au fait… il faut que je revienne vendredi… j’attendrai jusque