Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/379

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— Et toi… — dit le comte en faisant un pas vers le braconnier, — et toi gredin, pourquoi voulais-tu ?…

— Je m’appelle Claude Gérard, — dit le braconnier d’une voix solennelle en interrompant le comte.

— Claude Gérard ! — s’écria M. Duriveau, en reculant pâle et frappé de stupeur.

Puis se rapprochant vivement du braconnier pour mieux voir sa figure et se convaincre d’une identité à laquelle il ne pouvait croire, il reprit après quelques minutes d’examen :

— C’est-lui,… c’est bien lui…

— Qu’est-ce que ça… Claude Gérard ? — demanda Scipion en allumant un cigare, pendant que Beaucadet et ses gens se regardaient entre eux, très-surpris aussi de l’incident.

— Claude Gérard !… — reprit encore le comte avec un étonnement profond et comme écrasé par les souvenirs que le nom du braconnier éveillait en lui.

— Duriveau… comprends-tu… maintenant ? — dit le braconnier au comte qui, d’abord muet et accablé, releva bientôt la tête. Alors, le front hautain, la lèvre ironique et dédaigneuse, il s’écria en croisant ses bras sur sa poitrine :

— Ah ! c’est vous, Monsieur l’homme de bien… l’homme aux épîtres. C’est vous, qui, caché sous un nom de guerre, vagabondiez depuis si long-temps dans mes bois et aviez l’insolence de me poursuivre de vos moralités épistolaires ? Et moi qui vous croyais si loin d’ici ! Et vous me demandez si je comprends ! Pardieu… je comprends et de reste… Votre pathos ne pouvait me toucher le cœur… Vous avez voulu voir