Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/189

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est vrai, quelque chose de plus simple ; ce serait que Son Excellence vînt avec vous… Attendez donc, ne vous effarouchez pas ainsi, mon enfant ; c’est en tout bien tout honneur… Ne croyez pas qu’il s’agisse d’amour, au moins, une femme comme moi ne se mêlerait pas de tels tripotages. Non, il s’agit de sauver la vie d’un malheureux…. Mais je ne puis vous en dire davantage… Accordez le rendez-vous que je vous demande ; au besoin même prévenez-en la princesse. — Et le prince, madame, faudrait-il aussi le prévenir ? » — me dit l’innocente.

— Diable !…

— Je vous avoue qu’à ces mots, monsieur Charles, je me repentis d’avoir été si avant ; mais je m’assurai bientôt que c’était pure ingénuité de la part de cette petite, qui a l’air d’avoir seize ans… jugez… Enfin, à force de raisonnements, de promesses, je l’ai décidée à vous donner rendez-vous, comme à moi, à la petite porte du jardin.

— Ce soir ?

— Non, demain. Elle m’a dit que sa maîtresse ne sortait pas aujourd’hui ; mais qu’elle irait demain à l’Opéra, et qu’alors, sur les neuf heures, vous pouviez venir en fiacre à la petite porte. Maintenant, monsieur Charles, le reste vous regarde ; vous voici en relation avec la petite, et jusqu’à un certain point avec sa maîtresse ; car, ingénue comme est cette jeune fille, elle ne manquera pas probablement de tout dire à sa maîtresse ; et, si la mulâtresse reparaît avec l’agrément de la prin-