Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/44

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Jésus ! que d’or sur sa veste orange ! j’en suis ébloui ! De l’or partout !… de l’or jusque sur les coins de ses bas et sur les bouffettes de ses souliers de daim gris !

Enfin le voilà dans l’arène !…

— Tue le taureau pour moi, mon amour, lui crie une Andalouse au teint bruni et aux dents d’émail. — Par le Christ, ne souris donc pas ainsi à ta maîtresse !… Fuis, José, fuis ! le taureau fond sur toi. — Mais non, José l’attend de pied ferme, son épée entre les dents, saisit une de ses cornes, et saute légèrement par-dessus lui. — Bravo, mon digne Matador, bravo ! aussi ramasse la fleur d’amandier que ton amoureuse t’a jetée en battant des mains.

Mais voici que le taureau se retourne ! Santa Carmen ! mauvais signe ! Il s’arrête, ne mugit plus ; ses jambes sont tendues, ses yeux en feu, et sa queue roulée en anneaux. Recommande ton âme à Dieu, José, car la barrière est loin et le taureau est proche. En avant ! Demonio !… en avant ta bonne lame ! — Jésus ! il est trop tard ! l’épée se brise en éclats, et José, traversé par une corne du taureau, est cloué sur la balustrade ! Je le disais bien, vrai Dieu ! que la course serait belle !