Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/50

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lant baiser, et continua de jeter sur elle un regard fixe et arrêté.

Il y avait dans cette scène étrange tant de sujets d’étonnement pour les Espagnols, qu’ils restaient comme pétrifiés. Ce costume bizarre, ce taureau tué, contre tous les usages, d’un coup de pistolet ; cet homme qui baisait la main d’une demi-sainte, d’une fiancée du Christ, tout cela contrastait tellement avec les habitudes reçues, que la Junte, l’Alcade et Monseigneur le Gouverneur restaient béans, tandis que celui qui excitait si vivement la curiosité attachait des yeux enflammés sur la Monja, tremblante et confuse, qui n’avait pas la force de sortir de sa loge. En vain la supérieure accablait l’homme noir des épithètes les plus accablantes, telles que : impie, damné, misérable renégat ! en vain elle lui criait, avec l’accent de la plus sainte indignation : — Redoutez la colère du ciel et des hommes, vous qui avez osé faire entendre des paroles mondaines à ces oreilles chastes ; vous qui n’avez pas tremblé en touchant la main d’une épouse de Dieu !

Le misérable regardait toujours la Monja en répétant avec admiration : — Qu’elle est belle ! qu’elle est belle !