Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/86

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— Au nom du Christ ! tu dois nous sauver. Au nom de Dieu, je te l’ordonne ! cria le moine au Gitano, en lui montrant le ciel.

Ce mouvement fut beau, mais il ne produisit aucun effet, car le Gitano répondit en riant : — Au nom de Dieu, de Dieu !… y pensez-vous, mon père ? Ne plaisantez donc pas. Le moment est grave ! grave !… voyez plutôt ce chrétien qui se tord et perd son sang.

Au rire effrayant du damné se joignit le bruit de la mer, qui montait, montait, et venait à chaque instant battre et rétrécir l’étroit espace où se pressaient ce petit nombre d’hommes.

Les Espagnols se signèrent en frémissant. Un d’eux arma son escopette, et la dirigea sur le Gitano. Le moine se précipita à temps. — Malheureux ! lui seul peut nous sauver ; lui seul connaît ce passage !

Voyant cette démarche hostile, le Gitano était entré dans la mer, qui s’élevait jusqu’au poitrail de son cheval. — Voici les douaniers qui descendent les dernières rampes, mes fils, et vous savez que maintenant les balles comptent, cria le maudit, en montrant le contrebandier blessé à mort.