Des plus beaux de vos fruits je reçois les prémices ;
Vos fleurs ouvrent pour moi leurs plus larges calices,
Et dans l’œuvre de l’homme il n’est pas de joyaux
Dont l’art de vos enfants ne m’orne la première ;
Ma pensée à la leur emprunte la lumière.
Je ne suis reine enfin que par vos dons royaux.
Mes sœurs, cette opulente et séculaire offrande,
Se peut-il qu’en un jour mon accueil vous la rende ?
Non ; mon cœur sent ma voix à sa dette faillir ;
La gratitude à flots m’envahit et m’oppresse.
Puisse du moins mon lustre, orgueil de ma tendresse,
Aux yeux de l’univers sur vos fronts rejaillir !
Afin que l’Univers, mon hôte,
Saluât nos féconds liens,
J’ai dans mes palais, côte à côte,
Rangé vos chefs-d’œuvre et les miens.
Dès longtemps nos annales mêmes
Avaient marié nos destins :
Je puis unir à vos emblèmes
Ma nef domptant les flots mutins.