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ÉPAVES



HONNEUR ET PATRIE

Poème aux convives du Dîner donné le 25 octobre 1900,
dans le Palais de la Légion d’Honneur,
aux Grands-Croix et aux Grands-Officiers de l’Ordre.


Messieurs,

Ce n’est pas sans péril qu’on sert la Poésie :
Par une téméraire et noble fantaisie,
Dont la faveur m’exalte et m’accable à la fois,
Ma voix, pour saluer tant de lauriers, choisie,
Se trouble devant eux comme une jeune voix,
Car, s’il est naturel qu’un Pindare s’engage
À célébrer l’Honneur dans le plus haut langage,
La Muse ne l’apprend qu’aux lèvres de son choix.