Page:Sully Prudhomme - Épaves, 1908.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
ÉPAVES



SEREINE VENGEANCE


Vous qui m’avez, dans l’âge où d’autres sont joyeux,
Fait assez de chagrin pour me rendre poète,
Vous par qui j’ai, dans l’âge où vivre est une fête,
Vu la vie à travers les larmes de mes yeux,

Je ne vous en veux plus : tout finit pour le mieux ;
Voilà que l’avenir à me venger s’apprête :
La fleur se fane au vol des jours que rien n’arrête,
La gloire éclôt et dure en d’immuables cieux !