Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1865-1866.djvu/312

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L'AMBITION


 
Tu ne traîneras plus, rêveur mélancolique,
Deux talons paresseux sous un corps famélique :
Viens ! je t’offre une plume et le coin d’un bureau,
Rien ne te manquera…

                              — Qu’au front un numéro.
Non ! je n’écris jamais que mon cœur ne s’en mêle ;
J’honore dans la plume un souvenir de l’aile,
Je ne la puis toucher sans un frémissement ;
Elle me fait penser plus haut, plus librement.
Contre la gloire en vain qu’un stoïque déclame,
Je ne pourrai jamais terrasser dans mon âme,