Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/166

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Atomes éternels aux éphémères jeux,
Océan d’où la force, en des retours sans nombre,
Émerge infatigable aussitôt qu’elle y sombre,
Vous travaillez sans trouble aux destins orageux.

Je vous envie, aînés du chaos nuageux
Dont le ciel par degrés sans fin se désencombre :
Vous n’êtes pas vaincus par la froidure et l’ombre
Qui rendront tour à tour tous les astres fangeux.

Aveugles sans faillir, sous des lois nécessaires
Vous êtes ouvriers de toutes les misères
Dont les mondes ensemble accumulent l’horreur.

Et, durs également dans la chair ou la roche,
Vous ignorez la peine aussi bien que l’erreur ;
Et la mort qui nous suit jamais ne vous approche.




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