Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/198

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La Nature, implacable, aux rigueurs de ses lois
Abandonne l’obscur et faible satellite,
Et dans la grande lice où tout être milite,
Parmi les combattants, ne sauve que les rois.

Mais il est nécessaire au progrès de ses choix
Que sa fécondité jamais ne périclite,
Qu’une autre multitude enfante une autre élite
Où l’espèce survive et s’élève à la fois.

Tout doit donc pulluler. Aussi combien elle use,
Pour remplacer les morts, de génie et de ruse !
Mille instincts y pourvoient, sublimes s’il le faut !

Bien qu’au salut commun l’espèce l’asservisse,
L’égoïsme pourtant n’est pas mis en défaut :
C’est l’intérêt du cœur qui pousse au sacrifice.




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