Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/298

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Leur soyeuse lueur, qui baise la prunelle,
Est d’un possible enfer la menace éternelle.
En vain je les veux fuir, l’espace plus obscur
Me suit plus effrayant, comme un cachot sans mur
Et j’y vois en silence errer les nébuleuses
Comme des vols épars de graines douloureuses !
Je suis donc durement de partout refoulé,
Quand, de la terre au ciel sans cesse reculé,
Aussi loin que mon cri voyage et retentisse,
Je demande ton siège à l’abîme, ô Justice !


Ah ! puisque l’univers s’est fait sans la vertu,
Quand donc nous es-tu née et d’où donc nous viens-tu ?
Pourquoi, de toutes parts autour de l’homme absente,
Faut-il que seul il t’aime et que seul il te sente ?
J’ai reconnu ta place et ta borne aujourd’hui ;
Demain, je sonderai ton origine en lui.




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