Page:Sully Prudhomme - Œuvres, Poésies 1878-1879, 1886.djvu/345

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le chœur.



Le sang pur versé tant de fois
Pour la fraternité rêvée
Attiédit le bronze où des lois
La lettre, qui tue, est gravée :

Un jour les cœurs, tous envahis
Par le grand flux d’amour qui monte,
De s’être si longtemps haïs
N’auront plus que surprise et honte.

Il nous semble que le présent
N’offre que rapine et carnage ;
Toujours pourtant il en surnage
Un nouveau dogme bienfaisant.

Toujours les causes magnanimes
Ont leur triomphe, lent ou prompt :
Fumés par le sang des victimes,
Les oliviers triompheront !