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CHAPITRE X

1640 — 1646


Seigneuries concédées. — Colons nouveaux. — Conclusion de ce volume.



G

ardée à vue, pour ainsi dire, par les bandes iroquoises, de 1637 à 1646, la petite population blanche du Canada n’avait songé, durant ce laps de temps, ni à s’étendre ni même à recruter en France pour augmenter son nombre : elle demandait des soldats, une protection militaire quelconque — faute de quoi il lui faudrait abandonner la colonie. Avec l’année 1646, nous verrons reprendre quelque peu le mouvement de la colonisation, par suite de la confiance qu’inspira d’abord la compagnie des Habitants : on la croyait en position de remédier aux abus du passé.

La date de l’arrivée de chaque groupe de colons, la classe sociale à laquelle appartenaient ces hommes, l’octroi des seigneuries et les conditions qui les régissaient, les influences qui affectaient les intérêts de l’habitant : tout cela compose la véritable histoire des Canadiens ; aussi nous faisons-nous un devoir de ne rien omettre de ces circonstances, sans lesquelles notre tableau serait incomplet.

« Informés des bonnes intentions de François de Chavigny, escuyer, sieur de Berchereau, et damoiselle Éléonore de Grandmaison, sa femme, de la paroisse de Creancée, en Champagne, et de leur zèle… octroyons… deux arpents de terre, à prendre dans le lieu désigné pour la ville et banlieue de Québec, s’y trouvant des places non encore concédées, ou de proche en proche, pour y faire un logement avec jardinage, où il se puisse retirer avec sa famille ; plus trente arpents de terre à prendre hors de la dite banlieue de la ville de Québec et de proche en proche icelle en lieux non encore concédés, — et outre encore…[1] une demie lieue de terre en large, à prendre le long du fleuve Saint-Laurent… sur trois lieues de profondeur en avant dans les terres… les dits deux arpents de terre dans la ville et banlieue de Québec, et les trente arpents proche et hors la dite banlieue, en roture à la charge d’un denier de cens payable au fort de Québec par chacun an, au jour qui sera ci-après désigné, le dit cens portant lods et ventes, saisines et amendes ; et la dite demie lieue de terre au

  1. Ici commence le titre du fief de Chavigny de la Chevrotière, enclavé à présent dans la seigneurie de Deschambault.