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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

juillet, les travaux furent poussés jusqu’à complétion. Ce couvent, appelé Notre-Dame-des-Anges, occupait l’emplacement où s’élève aujourd’hui l’hôpital-général.

La pauvre habitation de Québec, « isolée et ruinée, était en très-mauvais état, pour avoir diverti des ouvriers à un logement que l’on avait fait aux Pères Récollets, à demie lieue de l’habitation, sur le bord de la rivière Saint-Charles, et deux autres logements, l’un pour Hébert, à son labourage,[1] un autre proche de l’habitation pour le serrurier et le boulanger, qui ne pouvaient être en l’enclos des logements. »

La maison d’Hébert, construite de pierre, était située à peu près à l’endroit où se trouve l’archevêché ; elle mesurait trente-huit pieds de long sur dix-neuf de large[2].

L’automne se passa à réparer l’habitation et à bâtir un petit fort « sur une montagne qui commandait sur le travers du fleuve Saint-Laurent… Cette maison ne plaisait point à nos associés. » Ce fut le commencement du fort Saint-Louis, qui a été tour à tour la résidence des gouverneurs français et anglais. D’année en année, de 1621 à 1626, on l’agrandit et on le modifia suivant les besoins du jour[3].

Il ne fallait pas, au milieu de ces préoccupations, négliger la surveillance de la traite. « Je résolus, écrit Champlain, d’envoyer le dit Guers[4] avec six hommes aux Trois-Rivières, où était le Pont et les commis de la Société, pour savoir ce qui se passait par delà… Quelques jours après, les dits du Pont et Deschênes descendirent des Trois-Rivières, avec leurs barques et les pelleteries qu’ils avaient traitées. Il y en avait la plupart à qui ce changement de vice-roi et de l’ordre ne plaisait pas ; le dit du Pont se résolut de repasser en France, et laissa Jean Caumont, dit le Mons, pour commis de magasin et des marchandises pour la traite. »

Ceux qui hivernèrent à Québec (1620-21) étaient au nombre de « soixante personnes, tant hommes que femmes, Religieux et enfants, dont il y avait dix hommes pour travailler au séminaire des Religieux et à leurs dépens… Chacun se porta très bien, hormis un homme qui fut tué par la chute d’un arbre. »

Le premier navire arrivé à Québec, au printemps de 1621, apprit à Champlain que le duc de Montmorency avait formé une nouvelle compagnie, le 8 novembre 1620, composée des sieurs Guillaume de Caen, Ézéchiel de Caen, Guillaume Robin, Jacques de Troyes, marchands ; François de Troyes, président des trésoriers de France, à Orléans ; Claude Le Rageois, receveur-général des finances à Limoges ; Arnould de Nouveau, maître de la chambre aux deniers ; Pierre de Verton, conseiller, secrétaire du roi, et François Hervé, marchand, bourgeois de Paris. Les membres de l’ancienne société : Thomas Porée, Lucas Legendre, Louis Vermeulle, Mathieu Dosterlo, Daniel Boyer et autres, avaient demandé, mais en vain, qu’il leur fût permis de jouir du privilège de la traite pendant les quatre années

  1. Il ne s’agit plus ici des jardins potagers de l’habitation, mais d’une culture particulière, très restreinte, toutefois.
  2. Œuvres de Champlain, pp. 988, 1055.
  3. Voir Ferland, Cours, I, pp. 191, 503.
  4. Commissionnaire du duc de Montmorency, arrivé cette année (1620) avec Champlain. C’est lui qui donna lecture des lettres officielles, à Québec, et en dressa procès-verbal.