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histoire des canadiens-Français

reconnaître grand-vicaire de M. de Rouen. Mais M. de Pétrée étant, d’un autre côté, nanti d’une autre lettre du 14[1], qui dérogeait entièrement à la première, il fut contraint de désister ; mais M. de Pétrée, n’ayant plus de sujet de s’y fier, disposa de tout ici-bas (à Québec) et à Montréal souverainement pour le spirituel. »

« Le 11 septembre, nous traitâmes, au réfectoire, M. l’abbé de Queylus et les deux prêtres[2] venus de nouveau avec M. d’Allet. »

« Le 22 octobre, partit le vaisseau du capitaine Poulet, qui avait amené ceux de Montréal ; dans ce vaisseau s’en alla le père Barthelemi Vimont, Fiacre et Jean de Noyon[3], nos domestiques, M. l’abbé de Queylus, M. de Bécancour[4], Chartier, Villeré[5] et la plupart de nos marchands. Ils relâchèrent et ne repartirent que le 26. »

Le 2 décembre, l’évêque ayant conféré les ordres mineurs à deux ecclésiastiques, le Journal des Jésuites dit : « Personne ne fut invité au réfectoire pour dîner, dont la raison principale est que d’inviter l’évêque sans le gouverneur aut contra, cela ferait jalousie, et l’un ne veut pas quitter à l’autre pour le premier rang. »

Le jeudi-saint, 1660 : « On avait préparé deux coussins, proche du balustre du reposoir : un pour M. l’évêque, l’autre pour M. le gouverneur. M. le gouverneur y étant venu le premier et s’étant mis à genoux proche de celui de M. l’évêque, sans prendre garde au sien, jugea plus à propos de s’en aller tout à fait que de changer de place et se retirer où était le sien. Une autre fois, il faut mettre le carreau de l’évêque dans le sanctuaire du reposoir. »

« Le 28 novembre 1660, dit le Journal des Jésuites, monseigneur l’évêque ayant tenu assemblée des marguillers et déclaré monsieur le gouverneur n’être plus marguiller honoraire, et ce sans lui en avoir parlé, le 30 suivant monsieur le gouverneur se trouva à l’assemblée des marguillers avec ceux de sa suite ordinaire, où il prétendit se maintenir en sa charge, déclarant à M. l’évêque qu’il n’avait pas ce pouvoir que de le démettre ; plusieurs paroles se dirent, peu respectueuses, à l’endroit de M. l’évêque, qui donna sujet de mécontentement de part et d’autre. »

En une certaine occasion (février 1661), l’évêque et le gouverneur devaient assister au catéchisme des enfants ; mais « M. le gouverneur ayant témoigné n’y vouloir assister, en cas qu’on y saluât M. l’évêque devant lui, on lui fit trouver bon que les enfants eussent les mains occupées, pour ne saluer ni l’un ni l’autre, ce qui s’entend du prologue et de l’épilogue ; ce qui fut signifié et commandé aux enfants. Mais les enfants, qui étaient Charles Couillar et Ignace de Repentigny, poussés et séduits par leurs parents, firent tout le contraire et saluèrent M. le gouverneur le premier, ce qui offensa puissamment M. l’évêque, que nous

  1. Au moment de quitter la France, Mgr de Laval avait obtenu que le grand vicaire serait à son choix, ce qui était raisonnable.
  2. Jacques Le Maître et Guillaume Vignal.
  3. Il se maria et s’établit dans le pays.
  4. Il organisait une compagnie de commerce.
  5. Louis Rouer de Villeraye, fils d’un valet de chambre d’Anne d’Autriche, était notaire à Québec en 1654. Quatre ans plus tard, il épousa Catherine, fille de Charles Sevestre. En 1659, on le voit lieutenant particulier de la sénéchaussée de Québec. Il fut premier conseiller au conseil supérieur lors de sa création (1663). Sa descendance a longtemps exercé des charges importantes parmi nous.