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histoire des canadiens-français

Le 8 février 1652, le gouverneur-général accorda à l’un de ses fils la seigneurie décrite ci-après : « La compagnie de la Nouvelle-France, depuis son établissement, ayant été en continuelles recherches de personnes de condition qui voulussent, en favorisant leur dessein, concourir avec eux à la peuplade de cette vaste et grande province ; sur la certitude que nous avons que Louis de Lauson, escuyer, seigneur de la Citière et de Gaudarville, aurait volonté avec le temps de s’habituer en la Nouvelle-France et de faire défricher et déserter, et ensuite le plus de familles qui lui serait possible, afin de fortifier le pays contre ceux qui y voudraient entreprendre… concédons au dit sieur de la Citière les lieux situés dans l’étendue des bornes qui ensuivent, c’est à savoir : aboutissant d’un côté à la ligne qui sépare la concession accordée aux sauvages (Sillery, 13 mars 1651) ; d’autre côté tirant une ligne parallèle et de séparation et qui prendra pour borne la rivière du Cap-Rouge icelle rivière comprise ; et par devant aboutissant à la route qui va de Québec au Cap-Rouge et qui prend le derrière des concessions d’Antoine Martin dit Montpellier, Nicolas Chaigneau[1], Pierre Garement[2], François Boulé[3], René Mézeré, François Boucher, Charles Gaultier dit Boisverdun[4], Guillaume Boisset, Pierre Gallet, Jacques Archambault, Nicolas Ruelle et Étienne Dumetz, la dite route, entre deux lignes parallèles ci-dessus écrites, commençant, l’une derrière la concession du dit Dumetz, sur la rivière du Cap-Rouge, et l’autre derrière celle du dit Montpellier, étant en partie sur la concession des sauvages et l’autre en la censive de la compagnie, jusqu’à quatre lieues de profondeur et ainsi aboutissant aux terres non-concédées… à même droit que la compagnie de la Nouvelle-France en jouit… (Signé) De Lauson ; et plus bas : par monseigneur : (signé) Limero[5]. » Le nom de Gaudarville donné à cette seigneurie vient de Marie Gaudard, première femme de Jean de Lauson et mère de Louis, le concessionnaire. Le 15 novembre 1653, fut accordé le titre que voici : « Les irruptions continuelles des Iroquois paraissant journellement aux habitants du Cap-Rouge, où ils ont fait plusieurs massacres et enlevé nombre d’habitants, le peu d’habitations qu’il y a demeurent abandonnées, soit par la mort de ceux qui les faisaient valoir, soit parce que effectivement les habitants les ont quittées, de manière que ce lieu court fortune d’être entièrement perdu pour être éloigné de tous secours et avoir besoin de quelque personne puissante qui, avec l’assistance de ses amis, put soutenir l’effort de ces barbares, y faisant construire quelque réduit ; et jugeant que Louis de Lauson[6], escuyer, sieur de la Citière et Gaudardville, se pourrait résoudre à la défense de ce poste, si on lui voulait accorder ce petit espace[7] de terre et le joindre ensemble, la censive qui est sur icelui, à sa terre et Seigneurie de Gaudarville… lui accordons l’espace de terre qui est enclos entre sa dite concession de Gaudarville, la ligne

  1. Sa femme, Louise…, avait été tuée dans sa maison par les Iroquois, au mois de septembre 1651.
  2. Enlevé, le 10 juin 1653, par les Iroquois. Son fils Charles, enlevé avec lui, fut racheté par les jésuites.
  3. Tué par les Iroquois vers ce temps.
  4. Le Journal des Jésuites mentionne un combat qu’il soutint sur sa terre contre les Iroquois.
  5. Titres seigneuriaux, 383.
  6. Il devait être âgé de quinze ans à la date de l’acte ci dessus.
  7. Mentionné dans l’acte précédent comme appartenant encore aux Cent-Associés.