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CHAPITRE V

1682 — 1686


MM. de la Barre et de Meulles remplacent MM. de Frontenac et Duchesneau. — La Nouvelle-Angleterre. — Les Iroquois. — La Salle. — Les traiteurs. — Expédition contre les Iroquois. — Sauvages de l’Ouest. — Monseigneur de Laval se retire. — La Baie d’Hudson de 1673 à 1686. — Coureurs de bois. — Gentilshommes qui font la traite. — M. de la Barre réprimandé par le roi. — La noblesse en Canada avant 1686. — Les mots « écuyer » et « noble homme. » — Troupes de la Marine. — Peu d’émigration.



Q

uinze ou seize années de développement et de prospérité marquent l’époque qui suivit l’arrivée du régiment de Carignan (1665 à 1681). Ces troupes avaient mis fin aux massacres commis jusque là par les Iroquois ; l’activité intelligente et patriotique de Talon se fit sentir partout ; les mesures édictées par Colbert étaient habiles et généreuses pour la plupart ; tout cela avait transformé la Nouvelle-France.

Le moment arrivait où cette colonie allait entrer dans une phase bien différente de celles dont nous avons parlé. Soixante et quinze années de guerre l’attendaient.

Frontenac et Duchesneau s’étaient voué une haine de Corse. Chaque semaine amenait un conflit, un scandale, un acte de résistance de la part de l’un de ces deux hommes. Le roi, poussé à bout, les rappela (10 mai 1682) en nommant M. Lefebvre de la Barre gouverneur et M. de Meulles intendant. Le nouveau gouverneur était avancé en âge et parfaitement inepte aux choses du Canada. L’intendant était un personnage à dentelles qui méprisait les habitants des colonies. Cette même année, comme prélude de bien d’autres désastres, un incendie (5 août) consuma une partie de la basse ville de Québec, ruinant le commerce de presque toute la colonie. M. Charles Aubert de la Chesnaye, l’un des marchands les plus à l’aise du pays, ne perdit point ses magasins et se dévoua pour relever ses confrères. En même temps, la situation diplomatique se tendait en Europe. Louis XIV faisait bombarder Alger et cette action éveillait les susceptibilités des cours qui redoutaient l’ambition du grand roi. Colbert mourait (1683) épuisé de travail, d’inquiétudes et de chagrins, laissant Louvois,