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CHAPITRE VI

1680 — 1687


La Salle descend le Mississipi. — Fort rétabli aux Illinois. — Cataracoui démantelé. — La Salle en disgrâce ; il retourne au Mississipi par le golfe du Mexique ; sa mort. — Mœurs et coutumes des Sauvages de l’ouest. — Milices canadiennes et troupes de France. — Poste établi au Détroit. — Campagne contre les Iroquois. — Érection d’un fort à Niagara. — Les Sauvages de l’ouest se joignent à l’armée française. — Canadiens dans les colonies anglaises.



I

nfatigable et tenace au delà de toute expression, Cavelier de la Salle s’était remis en route vers le Mississipi. Tout conspirait contre ses entreprises, mais « il paraissait toujours dans son froid et sa possession ordinaire, » selon le père Zenobe Membré. Le roi venait de conseiller à M. de la Barre de ne pas encourager les découvertes et de plutôt « s’appliquer à la culture de la terre dans les habitations défrichées ; » les bailleurs de fonds serraient les cordons de leur bourse ; plusieurs hommes avaient déserté le service de la Salle, trompant ainsi ses calculs et de plus pillant ses marchandises. N’importe ! il repartit pour l’Illinois le 23 juillet 1680 avec une équipe fraîche et bien déterminé à descendre le Mississipi jusqu’à la mer. Que trouva-t-il au fort Crèvecœur et à Saint-Louis, ce fort qu’il avait donné ordre à Tonty de construire sur l’éminence appelée aujourd’hui Starved Rock, un peu plus haut que Crèvecœur, rivière des Illinois ? L’abandon. Ses hommes étaient dispersés ; dix d’entre eux s’étaient mis à la suite des Illinois, faute de pouvoir faire mieux ; cinq autres, accompagnés des père Zenobe Membré et Gabriel de la Ribourde avaient repris le chemin du Canada sous la direction de Tonty. L’apparition des bandes iroquoises au pays des Illinois ; les malheurs financiers récemment survenus à la Salle ; des rumeurs colportées de tribus en tribus contre les Français, tout s’était réuni pour rendre la situation intenable à la poignée de coureurs de bois rassemblée dans Crèvecœur. Tonty, blessé par un Iroquois d’un coup de couteau au flanc, eut le chagrin de perdre le père de la Ribourde[1] dès la première journée de sa pénible retraite ; les privations et mille souffrances particulières à ces voyages l’assaillirent ;
  1. S’étant éloigné quelque peu dans le bois, il ne reparut plus.