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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

remontèrent (8 décembre) la rivière Saint-Joseph ou des Miamis, et descendirent celle des Illinois ; le 5 janvier (1680) ils étaient dans un camp de sauvages au lac Peoria, Pimedi ou Pimiteoui. C’est là que fut commencé (15 janvier) un fort auquel La Salle, abreuvé de mécomptes et d’épreuves en tous genres, donna le nom de Crèvecœur ; il y laissa Tonty pour commander, et partit le 2 mars pour retourner en Canada.

Le père Hennepin, du consentement de La Salle, s’était mis en route, le 29 février, avec Antoine Auguelle dit Picard Duguay et Michel Accault, natif du Poitou, qui savait les langues sauvages. Le 8 mars ils entrèrent dans le Mississipi ; à la hauteur de la rivière Wisconsin, des Sioux les firent prisonniers.

Daniel Greysolon Du Luth, parti de Montréal, le 1er septembre 1678, avec des Français, parmi lesquels les nommés Bellegarde, Lemaître, Masson et Pepin, s’était rendu au pays des Sioux dans le dessein de nouer des rapports avec ces peuples. L’été de 1680, il entendit parler de la captivité de trois Français et se mit en devoir de les retrouver. La rencontre eut lieu au mois de juillet, sur le Mississipi, aux chûtes Saint-Antoine ; Du Luth fut assez heureux pour délivrer ses compatriotes et les ramener à Michillimakinac, où il passa l’hiver. En cet endroit, il eut connaissance qu’on l’accusait de faire le métier de coureur de bois, c’est pourquoi, au printemps de 1681, il descendit à Québec afin de se disculper en expliquant ses découvertes et démontrant que, le 2 juillet 1679, il avait planté les armes de France dans le grand village des Sioux, du consentement de ces sauvages.

Dans une position plus humble que celle de La Salle, Tonty, Du Luth et Jolliet, un voyageur du nom de Nicolas Perrot a rendu de grands services au milieu des peuples de l’ouest et a contribué pour sa bonne part à l’extension de la puissance française au delà des lacs. Dès l’année 1660, il était employé à la baie Verte par les pères jésuites, dont il paraît avoir quitté le service vers 1666. On le trouve l’année suivante, ainsi que M. Gilles Perrot, prêtre, chez les sulpiciens de Montréal. Au printemps de 1670 il revenait de nouveau de l’ouest. C’est vers ce temps qu’il se maria avec Madeleine Raclot, dont une sœur ou une parente épousait, à la même époque, Michel David, habitant de Champlain. Perrot établit sa famille à Bécancour, d’où sa descendance s’est répandue dans les environs et y existe encore. Le prestige qu’il avait acquis sur les sauvages et le goût prononcé qu’il possédait pour les découvertes l’attirèrent encore une fois du côté de l’ouest, mais il n’y séjourna que peu de temps à la fois, puisque de 1672 à 1680, il lui naquit six enfants baptisés dans le Bas-Canada. Jusqu’à cette dernière date, il faisait par occasion le métier d’interprète mais plus régulièrement celui de coureur de bois et de traiteur. Le recensement de 1681 donne l’état de sa famille dans la seigneurie de Lintot, près Bécancour. De 1684 à 1699 il exerça des commandements qui en firent à peu près le principal personnage de cette époque parmi les Sioux, les Mascoutins, le Outagamis, les Poutéouatamis, les Maloumines et les Miamis. La fameuse nation des Outaouais reconnaissait comme toutes les autres, sa prudence, son adresse à manier les esprits et son caractère plein de ressources. Tandis que les forts de Frontenac et de Michillimakinac protégeaient les convois de traite des Français contre les