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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

La représentation accordée aux Canadiens était dans la proportion d’un délégué par dix mille âmes, et pour les Anglais, d’un pour deux cents âmes.

Notons ceux qui étaient les conseillers canadiens :

Antoine Pécaudy de Contrecœur, natif du Dauphiné, capitaine au régiment de Carignan depuis la création de ce corps, servait depuis vingt-cinq ans et était couvert de blessures lorsque, en 1601, Louis XIV renouvela en sa faveur les lettres de noblesse accordées à ses ancêtres. Il vint au Canada avec son régiment (1667) et épousa (1667) Barbe Denys de Vitré ; son fils, François-Antoine, né en 1680, se maria (1701) avec Jeanne de Saint-Ours ; « il a très bien servi et s’est un homme vigoureux et de beaucoup d’ordre » dit une note officielle en date de 1740. Son fils, Pierre, né en 1705, s’est illustré dans nos guerres contre les Anglais ; enseigne en 1732, lieutenant en 1742, capitaine en 1748, il était du nombre des officiers de la colonie les plus recommandés. De 1752 à 1757, il commanda dans l’Ohio. Chargé (1754) de s’opposer aux établissements que les Anglais voudraient faire à l’ouest des Alléganys, il avait sous ses ordres six ou sept cents Canadiens, avec lesquels il attaqua l’ennemi qui érigeait un fort à l’entrée de la Monongahela, et après s’être emparé de ces travaux il les fit terminer par l’ingénieur Lemercier, leur donna le nom de fort Duquesne et y établit son quartier-général. C’est de là qu’il envoya le sieur Jumonville vers le colonel Washington, au fort de la Nécessité. L’année suivante (1755) il détacha M. de Beaujeu pour aller reconnaître l’armée de Braddock ; on sait la victoire qui s’en suivit. En 1756, M. de Contrecœur fut nommé chevalier de Saint-Louis, et remplacé au fort Duquesne par M. Dumas. Après la défaite de Montcalm (1759) il se retira du service. Son fils, lieutenant dans les troupes, prit passage sur l’Auguste (1761) et périt avec ce navire. Le gouvernement anglais, sachant apprécier la valeur de cet homme de bien, appela M. Pierre de Contrecœur à faire partie du conseil législatif en 1775.

Charles-François-Xavier Tarieu de Lanaudière, né en 1710, était petit-fils de l’officier de ce nom, arrivé dans la colonie avec le régiment de Carignan. Enseigne dans les troupes de 1727 à 1741, lieutenant en 1742, aide-major de Québec en 1743 ; il avait épousé, cette dernière année, Geneviève Deschamps de Boishébert. En 1748 il eut un commandement chez les Miamis et s’en acquitta avec honneur. Nommé capitaine en 1750. L’un de ses fils, enseigne dans les troupes, passa à Louisbourg en 1748, revint en Canada, servit sur l’Ohio et fut tué à la bataille de la Monongahéla (1755). Charles-François-Xavier commandait une partie des milices à Carillon. Durant le siège de Québec (1759) il se montra actif, intelligent et utile. Avec M. d’Eschambault, il s’occupa des approvisionnements de l’armée, tâche plus qu’ordinaire en ce moment critique les Canadiens étaient réduits à la famine. La croix de Saint-Louis lui fut décernée pour ces services. Passé en France à la conquête, avec son fils Charles, lieutenant au régiment de la Sarre, il revint dans le pays (1763). Le gouverneur Carleton l’appela à faire partie du conseil législatif en 1775, mais il mourut quelques mois après cette nomination. Charles, son fils, aide-de-camp de Carleton, contribua à faire échapper ce gouverneur au milieu de l’armée américaine (1775), leva une compagnie de volontaires