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CHAPITRE X

1816 — 1835


Reprise des luttes politiques. — Division des partis. — Projet d’union des deux provinces. — Les Canadiens s’y opposent. — Papineau devient l’homme de la situation. — La commission royale. — Lettres de M. Elliott et de lord Gosford.


A

u lendemain du rétablissement de la paix universelle, le parti appelé «anglais » dans la chambre d’assemblée du Bas-Canada crut le moment opportun pour frapper un coup sur les Canadiens. Ce fut le recommencement des luttes d’autrefois, qui aboutirent à une prise d’armes en 1837. Il s’écoula donc vingt ans entre la fin de la guerre de 1812 et l’heure solennelle où les passions soulevées dans le peuple arrivèrent à ce point d’intensité qui fait qu’une partie de la masse ne raisonne plus mais s’insurge décidément. Nos historiens ont analysé, avec une patience admirable, chacune des phases de ce long débat. C’est toujours la même question qui revient. Les partis se disputaient le pouvoir, tournant dans un cercle et revenant au point de départ à la fin des sessions du parlement.

Le commerce anglais était de beaucoup le plus redoutable et le plus écouté en haut lieu. Avec lui marchaient les bureaucrates, successeurs des chouaguens, gens peu valeureux mais très incommodes, vu les positions officielles qu’ils occupaient. Les Canadiens, qui formaient dans la chambre basse la majorité, ne représentaient ni la banque, ni la navigation, ni le commerce, ni l’administration — mais ils se disaient chez eux et voulaient se gouverner à leur guise, tout en acceptant le système anglais, que personne parmi nous n’a jamais décrié. Ceux qui tendaient à la république suivaient le mouvement de ce dernier groupe, sans avouer leur arrière-pensée. Un fort courant existait aussi dans la classe commerciale anglaise en faveur de l’annexion du Canada aux États-Unis, toutefois on se gardait de le dire.

Vers 1820, ceux qui correspondaient avec l’Angleterre et qui y étaient écoutés, préparèrent les esprits à un projet d’union du Haut et du Bas-Canada. Nombre de vétérans des