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PAPINEAU ET SON TEMPS

étant incapable de la comprendre. Nous étions de cette classe lorsque le pays passa de Louis XV à George III, et les Canadiens ne se doutaient pas des changements surprenants qui allaient se produire dans l’ensemble de leur manière de voir, par suite du contact avec une nation libre.

L’Angleterre, à cette époque, était la seule nation civilisée qui eût la pratique du « self-government » ; ce seul terme explique la transformation magique des idées chez les Canadiens. Les premiers individus de langue anglaise qui arrivèrent en Canada y apportaient le sentiment du citoyen et non pas de l’esclave. Ce fut une révélation pour les anciens sujets de la monarchie absolue. Ils saisirent la différence qu’il y avait avec la monarchie constitutionnelle où le peuple délègue le pouvoir à des représentants de son choix et se trouve ainsi à se gouverner lui-même, en ne laissant au prince que la tâche de faire exécuter les lois du parlement populaire.

Les capitulations de Québec, de Montréal et le traité de Paris n’ont qu’un sens : nous devenions sujets du roi d’Angleterre. Il ne nous a pas été fait ou accordé de conditions spéciales par ces actes ou aucun autre que l’on pourrait invoquer. Notre devoir, comme celui des gouverneurs, consistait à nous tenir dans cette mesure, et c’est ce qui eut lieu, nonobstant certaines heures difficiles que l’histoire enregistre parce qu’elle ne veut rien oublier.

À l’honneur des officiers militaires qui nous avaient combattus, et que les circonstances appelèrent tout d’abord à l’administration du pays en 1760, nous devons dire qu’ils tinrent une conduite loyale et généreuse. Ils savaient ce que les habitants valaient et ils