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PAPINEAU ET SON TEMPS

d’une province anglaise et d’une autre province déjà toute française ; on ne l’écouta pas. John Neilson disait en 1828, devant la chambre des Communes, que l’intention des deux partis politiques, whig ou tory, avait toujours été de laisser le Bas-Canada aux Canadiens-français.

Durant le débat sur la constitution de 1791, Pitt insista pour que le titre de conseiller législatif de la colonie fût héréditaire ; mais Fox répondit que l’institution d’un pouvoir aristocratique comme celui de la chambre des lords, devrait être l’œuvre du temps, et que d’ailleurs il n’y avait pas de familles riches en Canada, donc pas de classe aristocratique habituée aux affaires publiques.

Joseph Bouchette décrit soigneusement l’organisation politique de la colonie en 1815 ; mais il ne s’aperçoit pas qu’elle est bien différente de celle de la Grande-Bretagne. Avec Pitt, il veut que nous regardions l’Acte de 1791 comme une copie de la constitution anglaise.

Certains livres publiés de nos jours qui traitent des malheureux abus d’un pouvoir entêté et injuste, n’ont que des sarcasmes pour le Canadien et ses rédacteurs.[1] De quoi s’agissait-il donc ? De principes sacrés et de la liberté politique chère à tous les hommes de cœur. On ridiculise ceux qui combattaient dans l’assemblée législative et dans la presse l’oligarchie qui écrasait la colonie. Les défenseurs des droits populaires avaient non seulement des idées élevées et

  1. Nous avons ici l’esprit du temps : la chambre d’assemblée composée d’une forte majorité de Canadiens ne veut pas que l’on parle contre sa politique. De son côté le Canadien, organe de Bédard, blâme sans trop s’enflammer les actes du gouvernement et on le regarde comme un rebelle.