Page:Sulte - Mélanges historiques vol. 13, 1925.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
PAPINEAU ET SON TEMPS

son sujet favori. Peel riposta : « Les Canadiens forment… » — Mais Ryland venait enfin de comprendre, et il se disposa à repartir pour Québec. Le ministre le chargea d’une lettre ouverte ordonnant à sir James Craig de retourner en Angleterre.

Le général sir George Prévost arriva en 1811 pour remplacer Craig, et sa première démarche fut de nommer Ryland greffier du conseil pour l’empêcher de rester dans le bureau du gouverneur.

Dépité de son insuccès auprès des ministres, Ryland se lança plus que jamais contre les Canadiens. Jusqu’à la fin de sa vie on le voit imbu de l’idée qui dominait quelques hommes de 1774 : l’effacement des sujets d’origine française, leur asservissement à l’ordre de choses établi par les fonctionnaires impériaux. L’automne de 1811, il apprenait, à Québec, que le nouveau gouverneur sir George Prévost s’écartait absolument de sa politique. Sir James Craig rentrait à Londres pour comprendre à son tour qu’il avait trompé les espérances du gouvernement, tout en faisant du zèle et se croyant dans la bonne voie.

N’est-il pas étrange que, après avoir mis tout en œuvre pour séparer les Canadiens des Anglais en favorisant toujours et uniquement ces derniers, Ryland s’alarme, en 1812, en découvrant tout-à-coup le danger d’une guerre contre les États-Unis ? Sa conviction était que les Canadiens ne feraient point corps avec les Anglais dans une telle crise. Comme il se trompait !

Durant l’administration de sir George Prévost (1812-15) l’assemblée législative a unanimement soutenu toutes les mesures de ce gouverneur parce qu’il