Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/208

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auteur établit la dépense annuelle qu’il propose d’affecter au reboisement des Basses-Alpes :

40 000 fr. à titre de primes, données aux planteurs : somme qu’on peut considérer comme excédant les frais de plantations.
35 000 fr. pour achat de graines, fournies aux planteurs.
Total... 75 000 fr.

Cette dépense devrait être répétée annuellement, pendant environ soixante années.

Je ferai remarquer d’abord que ce chiffre s’applique, non pas au département dont nous nous occupons, mais à celui des Basses-Alpes, où le reboisement présenterait moins de difficultés, où les torrents sont moins redoutables, où les bassins de réception sont plus rares, plus rétrécis, et situés dans des régions moins élevées. Il faut observer ensuite que dans cette somme ne sont pas compris les frais de surveillance, ni les frais d’expropriation (M. Dugied n’en admet point), ni les frais de barrages ou d’autres ouvrages analogues, etc. Je crois qu’à raison de tous ces motifs, on peut fixer la dépense annuelle à affecter aux travaux de reboisement, dans le département des Hautes-Alpes, à la somme de 100 000 francs.

À ceux qui se récrieront devant un pareil chiffre, je répondrai que le budget annuel des routes royales s’élève ici, depuis quelques années, à plus de 400 000 francs, et que ce chiffre est encore peu considérable à côté du budget des départements voisins ? Je leur demanderai ensuite s’ils estiment que le reboisement soit, dans l’échelle de l’utilité publique et de l’importance des résultats, une opération si fort au-dessous des travaux qui ont pour objet d’entretenir on d’améliorer les routes ?…

Il est temps qu’on le sache. Il ne peut plus être question de quelques allocations insignifiantes, jetées à titre d’encouragement aux planteurs de bonne volonté ; il ne s’agit plus de travaux morcelés, ni de ces demi-mesures qui, n’arrivant jamais jusqu’au but, obligent de recommencer toujours sur de nouveaux frais. Maintenant qu’on a sondé le gouffre dans toute sa profondeur, ce n’est pas avec quelques poignées de sable qu’on peut espérer de le combler. Nous sommes en présence d’une vaste et patiente entreprise, qui ne peut pas être l’œuvre de quelques jours, ni le fruit de quelques deniers. Son but est de transformer la face de toute une