Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/26

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ces trois rivières[1]. Lorsqu’on suit ces rivières au delà de l’enceinte du département, on les voit, toutes les trois, se décharger dans le Rhône ; la première, gardant son nom jusqu’au confluent ; les deux autres, après l’avoir perdu. C’est donc à ce grand bassin du Rhône, l’un des cinq de la France, qu’appartiennent, sans exception, tous les cours d’eau du département.

Chacun des trois bassins est traversé par une grande vallée, qui s’élève insensiblement jusqu’à un col, où elle prend sa naissance. Elle reçoit des vallées secondaires, auxquelles aboutissent d’autres vallées plus petites, qui peuvent encore se subdiviser. Ces dernières sont comme des ramifications, indéfiniment divisées, dont les vallées secondaires sont les branches, et dont la vallée principale figure le tronc.

Toutes ces vallées, quelque soit leur rang, sont arrosées par un cours d’eau, qui en dessine le thalweg.

Quand on relève le profil en long du thalweg, on obtient, dans la plupart des cas, une courbe sensiblement continue, dont la pente s’élève, ou, si l’on aime mieux, dont la tangente s’approche de la verticale, à mesure qu’on approche du col. La courbe est donc convexe vers le centre de la terre. On peut encore remarquer que les variations de la tangente sont plus rapides vers le col que vers le bas. En d’autres termes, les rayons de courbure diminuent, en s’approchent du col.

Cette figure est remarquable. Pourquoi le lit des cours d’eau se dispose-t-il suivant une courbe continue ? Pourquoi cette courbe est-elle convexe ? Pourquoi varie-t-elle plus rapidement de courbure dans le haut ? Toutes ces propriétés se réunissent pour former précisément la courbe, qui convient le mieux à l’écoulement d’un liquide, dans lequel le volume du courant s’accroîtrait, en même temps que la longueur de la distance parcourue. Ne semble-t-il pas que des formes, qui s’adaptent si parfaitement aux lois du mouvement des eaux, ne peuvent être elles-mêmes que les conséquences de ces lois ?

Si les thalwegs ont été amenés à l’état où on les voit aujourd’hui, par la même cause générale, quelle qu’elle soit, qui a créé les montagnes, pourquoi ont-ils des formes si régulières, quand les lignes de faîte, qui, d’après cette hypothèse, auraient été formées en même temps qu’eux, ne montrent

  1. Voyez la note 1.