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NOTE 6.

… dès lors il n’est plus étonnant qu’il produise les effets que j’ai décrits, et qui sont tous le résultat d’une excessive vitesse…
Chap. viii, page 38.

Cherchons à nous faire une idée de la vitesse des torrents, lorsqu’ils sont gonflés par une crue.

Il est clair qu’on n’a jamais pu, et qu’on ne pourra jamais apprécier cette vitesse par des expériences faites sur le courant lui-même, soit à l’aide du tube de Pitot, soit à l’aide de tout autre instrument. Quel appareil résisterait à l’épouvantable violence des eaux ?… Où se placerait l’observateur pour la mesurer ?… Ce genre d’observation, auquel nous devons la connaissance des vitesses de la plupart des grandes rivières de l’Europe, peut donc être considéré comme totalement inapplicable, lorsqu’il s’agit des torrents.

Dès lors, il ne reste plus qu’à interroger le calcul, quelque imparfaites que seront nécessairement ses réponses.

On sait que dans les grandes vitesses, la résistance à l’écoulement est simplement proportionnelle au carré de la vitesse, et la formule qui exprime cette vitesse est alors celle-ci :

(D’Aubuisson, Hydraul., pag. 113.)

Dans cette formule, p exprime la pente par mètre, s la section du fluide, et c le périmètre mouillé. Elle convient mieux qu’aucune autre à l’écoulement des torrents. Appliquons-lui les données les plus ordinaires.

Supposons que les eaux coulent à plein bord sur une pente de 0,06 m par mètre, et dans un canal ayant 8 mètres de largeur sur 2 mètres de hauteur. Je dois dire que cette dernière hypothèse se justifie par une foule d’observations qu’on peut faire dans les parties où les torrents sont naturellement encaissés. Elle se justifie aussi par l’existence d’un grand nombre de ponts, dont le débouché présente toujours des dimensions au moins égales à celles-ci, et sous lesquels on a pu observer la hauteur des eaux dans les crues. — Ainsi ces trois données peuvent être considérées comme exprimant les circonstances les plus ordinaires des crues, et comme étant toujours surpassées dans les grands débordements.

On a, d’après cela :

p 00,06 m
s 16,00 m
c 12,00 m

D’où l’on tire :

u = 14,28 m.