Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/298

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quises serait de 10 000 000 de toises carrées qui vaudraient, au bout de trois ans, dix millions de francs en cavant au minimum. Les capitaux dans cette entreprise seraient donc doublés au bout de trois ans…)

Là se termine la première partie du travail de M. Dugied.

Dans la partie suivante, il a cherché à attribuer à l’État des bénéfices qui le fissent rentrer dans ses déboursés, de telle sorte que ses premières dépenses ne pussent plus être considérées que comme des avances. — Suivons-le dans ses calcula.

« … L’amortissement des sommes dépensées par l’État se fera par l’augmentation des impôts que devront subir les terres vagues converties en forêts. — À la rigueur, et suivant les règles usitées dans la répartition des impôts, cette augmentation resterait au profit du département et servirait à alléger l’impôt foncier des autres propriétaires. Mais il faut croire que le conseil général consentira à ce qu’elle soit ajoutée à la contribution foncière du département. C’est sur cette augmentation, et en présupposant ce vote, qu’on peut baser des calculs.

» La contribution assise sur les terres vagues est moyennement de 22 centimes par hectare. Celle assise sur les forêts est de 72 centimes. Lors donc qu’un hectare de terres vagues aura été converti en forêts, il produira une augmentation de contributions équivalant à 50 centimes. C’est cette différence de 50 centimes qui composera le fonds de l’amortissement. Il faut remarquer que les 50 centimes ne seront touchés que dix ans après les semis, puisque l’État a fait une remise de contributions aux semeurs pendant cette durée de temps. — Il faut encore admettre dans les calculs que tous les semis n’auront pas réussi, et qu’une partie des graines livrées gratuitement par l’administration et payées par elle auront péri. On suppose que la perte des semis sera d’un cinquième.

» Avec tous ces éléments on peut former des tables qui donneront, année par année, l’état des dépenses ou des bénéfices du gouvernement. On voit de cette manière que pour un semis de 20 000 hectares les dépenses du gouvernement, au bout de dix ans, seront montées à 534 000 fr. ; mais qu’au bout de 86 ans, il sera couvert de toutes ses avances. De plus, il aura acquis un boni annuel de 8 000 francs, provenant des contributions qui continueraient à courir.

» Si l’on étend les calculs jusqu’à 150 000 hectares (ce qui comprend la totalité de la superficie à reboiser), et si on suppose qu’on les ensemence en 50 ans, on trouve que l’État sera couvert de ses avances au bout de 110 années, et qu’il jouira dès lors d’un boni annuel de 60 000 fr. — Il suit de là qu’il est de l’intérêt de l’État de donner à ces opérations la plus grande extension possible.

» Il faut aussi que l’État récupère les avances qu’il aura faites pour la construction des digues. Or, il trouvera les ressources de l’amortissement, d’abord, dans les bénéfices précédemment calculés et fondés sur l’augmentation des 50 centimes ; ensuite, dans la propriété d’une certaine partie des conquêtes. — Comme il aura fourni la moitié des dépenses auxquelles la conquête doit son existence, il est juste qu’il possède la moitié des terrains conquis… »