Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/304

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steppes de la Tartarie ou dans le désert de Sahara. Les semis ordonnés par les lois ou par les règlements ont été illusoires par les sommes qui y étaient allouées, et dérisoires par l’inertie ou la mauvaise foi qui y a trop souvent présidé. On assure que plus d’une fois, à des époques déjà loin de nous, je dois le dire, les adjudicataires de coupes des bois ont semé du sable au lieu de graines. Il y a une vingtaine d’années, le mal était au comble ; alors l’administration créa l’école forestière de Nancy, qui fournit des employés capables, actifs et intègres. En 1837, le ministre des finances a proposé de stimuler le zèle des agents subalternes par une augmentation de traitement, qui les plaçât au-dessus de la misère et à l’abri de la séduction. Toutes ces améliorations du personnel sont louables sans doute, mais elles resteront peu efficaces tant qu’on n’aura pas inséré au budget un chapitre en faveur de la replantation. Avec un million consacré tous les ans à semer ou à planter des essences d’arbres bien choisies sur ceux des emplacements jadis occupés par les forêts qui paraissent devoir être toujours rebelles à la culture, l’État se créerait en vingt ou trente ans un immense capital, réparti sur les vastes croupes des Pyrénées, des Alpes et des Vosges, ainsi que sur le littoral des Landes, où l’on n’applique aujourd’hui que sur une échelle lilliputienne les procédés ingénieux et économiques du savant Bremoutier. En temps de paix, ce serait un inépuisable approvisionnement pour vingt branches d’industrie, et notamment pour celle des fers, qui ne travaillera à bon marché en France que lorsque le bois y sera plus abondant. En temps de guerre, ce serait une ressource de plus facile défaite que des rentes nouvelles… »


Fin des notes.