Page:Surell - Étude sur les torrents des Hautes-Alpes, 1841.djvu/40

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n’amasse guère que les eaux, qui tombent dans l’enceinte même de la dépression. Elle est toujours creusée dans les flancs mêmes des montagnes, et au-dessous de leurs cimes : mais elle tend à s’accroître, et s’élève peu à peu vers le sommet, qu’elle finit par atteindre. Cette marche s’accélère dans les terrains, dont la décomposition est rapide. Ainsi se forment, à la longue, beaucoup de torrents du deuxième genre. On peut ici, sur une foule d’exemples, suivre les progrès et les phases diverses de leur formation, depuis leur état naissant, jusqu’à leur développement complet.

Au-dessous du bassin de réception, et à la suite du goulot, se trouve cette région, où il n’y a plus d’affouillement, et où il n’y a pas encore de dépôts. Je l’appellerai Canal d’écoulement. — Parmi les trois régions, celle-ci est la moins bien caractérisée, et, presque toujours, la moins étendue. Sa longueur est d’autant plus grande que la variation des pentes est plus douce. Voilà pourquoi le canal d’écoulement, qui est assez allongé dans les torrents du premier genre[1], devient plus court dans ceux du second[2], et, dans ceux du troisième[3], enfin, se réduit presque en un point, lequel même est sujet à se déplacer.

Le canal d’écoulement est toujours compris entre des berges bien dessinées. En effet, là où les berges manqueraient, la pente ne suffirait pas pour empêcher le torrent de divaguer : il perdrait alors sa vitesse, et il déposerait.

Le canal d’écoulement est la seule région où les torrents soient peu offensifs. Malheureusement, on a vu qu’elle est presque toujours la plus courte. — C’est là qu’il faut chercher à établir les ponts.

Si l’on parvenait à prolonger artificiellement le canal d’écoulement jusqu’au confluent de la rivière, en conservant strictement sa pente, sa section et son alignement, on aurait fait cesser tous les ravages. Tel est le problème de l’encaissement des torrents.

Il me reste à décrire la dernière région, qui est celle où se forment les dépôts. Je l’appellerai Lit de déjection. On y découvre des lois régulières, qui méritent qu’on s’y arrête plus longtemps[4].


  1. Torrents de Rabioux, de Réalon, de Boscodon, de Labéoux.
  2. Sainte-Marthe.
  3. Torrent des Graves.
  4. Voyez, pour éclaircir ce chapitre, les figures 1, 2 et 15.