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s’assemble au sommet du triangle, et s’enfonce par l’autre extrémité dans le sol. Cette forme est celle d’une pyramide triangulaire, couchée sur le sol, et dont la base, figurée par le cadre, est opposée à l’eau. Le cadre est renforcé par des fascines, des épines, des branches d’arbre et des blocs. — Les chevalets ne peuvent servir qu’à défendre de petites portions de terrain[1].

6o Les coffres, comme l’indique leur nom, sont des caisses allongées, en forme de parallélipipède, dont les arêtes sont en grosses pièces de bois, et dont les faces sont fortifiées par des blindages. L’intérieur est rempli de pierres sèches. — Ces caisses sont placées dans le lit comme de petits épis. Elles résistent par leur poids. Il arrive fréquemment que le torrent les déplace en les culbutant, sans les détruire ; d’autres fois il les vide, en les affouillant[2]. Ce genre de construction a de l’analogie avec les caissons employés sur de grandes échelles dans les travaux hydrauliques.

Ces deux derniers genres de défense sont très-répandus. — Ils ne constituent qu’une défense provisoire et leur champ d’activité est très-circonscrit. Les grandes crues les détruisent souvent ; mais leur construction est simple et peu coûteuse, de sorte qu’ils sont rétablis aussi vite qu’ils sont emportés. Par leur aide, chaque propriétaire pauvre peut se garantir isolément, sans presque d’autres dépenses que celles de son temps et de sa peine.

Je n’ai vu ici aucun emploi ni des chevrons, recommandés par Fabre, ni des fascinages, qui ont tant de succès sur d’autres cours d’eau. — Sans préjuger suc l’expérience, je craindrais que les fascinages, étant ici rarement mouillés et placés sous un ciel ardent, n’eussent pas beaucoup de durée. Du reste, les matériaux manqueraient presque partout pour les construire[3].


  1. On en voit sur tous les torrents. C’est la défense la plus commune. Il serait possible d’en tirer très-bon parti en la perfectionnant.
  2. Épis en coffre sur le torrent de Vachères, — sur celui de Bramafam. — Fabre décrit ce genre de construction sous le nom de Digues en encaissement : « Ces digues, dit-il, sont particulièrement usitées dans les pays de montagnes, à cause de la grande rapidité de leurs rivières. Dans le département des Basses-Alpes, elles sont connues sous le nom d’arches, dénomination tirée du mot latin arca, qui signifie un coffre. » (no 382.)
  3. On emploie des gabions sur le Buëch à Aspres ; mais c’est faute de gros blocs.