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chai entre deux feuilles d’oseille, et y fis ce que vous pouvez deviner.


CHAPITRE II.

Portrait de la fille du laboureur. — L’auteur est conduit à une ville où il y avait un marché, et ensuite à la capitale. — Détail de son voyage.

Ma maîtresse avait une fille de l’âge de neuf ans, enfant qui avait beaucoup d’esprit pour son âge. Sa mère, de concert avec elle, s’avisa d’accommoder pour moi le berceau de sa poupée avant qu’il fût nuit. Le berceau fut mis dans un petit tiroir de cabinet, et le tiroir posé sur une tablette suspendue, de peur des rats : ce fut là mon lit pendant tout le temps que je demeurai avec ces bonnes gens. Cette jeune fille était si adroite, qu’après que je me fus déshabillé une ou deux fois en sa présence, elle sut m’habiller et me déshabiller quand il lui plaisait, quoique je ne lui donnasse cette peine que pour lui obéir : elle me fit six chemises, et d’autres sortes de linge, de la toile la plus fine qu’on put trouver (qui, à la vérité, était plus