Page:Swinburne - Ode à la statue de Victor Hugo, 1882, trad. Dorian.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


18

Ton âme est la clarté vers qui tendent nos âmes ;
Le resplendissement éternel est ta loi ;
L’ombre avec ses linceuls ne couvre point tes flammes ;
L’inéluctable mort ne peut rien contre toi.
Qu’importe que ce siècle aride et vain se range
Dans les siècles déchus, si l’essaim de tes vers
Sont les plumes portant cette hirondelle étrange
Qui toujours émigra du côté des hivers ?

19

Jamais pleurs douloureux, baptême plus austère,
N’avaient baigné le front d’un plus noble exilé,
Alors que, secouant la roche solitaire,
Les révolutions roulaient leur flot gonflé.
Du monstrueux passé les ténèbres hurlantes
Jamais n’avaient jeté d’oracle à notre effroi
Qui vînt mieux étayer les âmes chancelantes
Dans les religions, dans le doute et la foi.