Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

’!2S DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

ble qui fut dit à l’occasion de la mort de Paul I" « La constitution russe est un despotisme tempéré par l’assassinat. II n’y eut plus alors dans tout le royaume, depuis les plus hautes jusqu’aux plus basses classes, d’autre moyen d’assurer le pouvoir que la violence.

Les Ëtats voisins ressentirent vivement le contre-coup de cet état de choses. Chaque progrès du despotisme à l’intérieur était une excitation à l’ambition des conquêtes. Il faut cependant faire une distinction entre les entreprises tentées au dehors par Pierre I" et celles de ses successeurs. Il est des conquêtes qui, bien que contraires aux traités existants, sont indispensables à une nation pour atteindre un but légitime, tandis que d’autres ne sont que le résultat de cette avidité insatiable qui, par le fait même qu’elle n’est jamais assouvie, porte en elle son propre châtiment. Pierre, après avoir commencé par les premières, se trouva irrésistiblement entraîné aux secondes. Personne ne peut le blâmer d’avoir cherché à assurer à son empire l’accès de la mer Baltique aux dépens de la Suède, et celui du Pont-Euxin aux dépens de la Turquie; mais, plus tard, il n’obéit qu’aux principes arbitraires d’une politique insatiable, lorsqu’il couvrit de ses troupes la Pologne, son altiéc, qu’il concerta avec le roi Auguste lui-même le partage de ce pays, qu’il se créa parmi la noblesse polonaise un parti traître à sa patrie, qu’il fortifia enfin tous les éléments d’anarchie au sein de ce malheureux État. Ce fut encore dans le même esprit que le czar offrit de garantir la constitution suédoise, aûn d’avoir le droit de s’opposer à tout changement favorable à la Suède qu’il s’allia plus tard, par un mariage, au duc de Holstcin, dans le but de faire servir à ses projets les querelles de ce prince avec le roi de Danemark, et qu’un autre mariage assura sa position dans le Mecidembourg, qu’il eût même complètement subjugué sans l’intervention armée de l’Angleterre et de la Prusse. C’est de cette façon violente que la Russie signala son entrée dans la politique européenne. On la vit successivement dominer la Pologne, diriger les affaires de la Suéde, enlacer de ses filets tout le Nord de l’Allemagne déjà même les pensées de Pierre 1er se dirigeaient vers,un bouleversement intérieur de l’Angleterre, bouleversement qu’il espérait opérer dans le sens de la politique qui inspira la paix de Tilsitt~