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’1M DEUXIÈME PARTAGE DE LA POLOGNE.

Cette guerre fut empêchée par la mort imprévue de Joseph H et par le changement de politique deLéopold,son successeur. Celui-ci, non-seulement renonça à faire des conquêtes en Turquie et en Bavière, et refusa a Catherine la coopération de l’Autriche; mais, à peine le calme fut-il rétabli, qu’il chercha à donner à son empire une position nouvelle dans le nord de l’Europe et sur un terrain ennemi de la Russie, en ravivant l’influence autrichienne en Pologne, en prenant sous sa protection la constitution <)u 8 mai 1791, et en faisant entrevoir àja Russie la restauration complète du royaume polonais.

Ce changement de système de l’Autriche bouleversa tous les rapports qui avaient existe jusque-Jà entre les divers États de l’Europe. A Saint-Pétersbourg’, on déplorait la mortde Joseph If, et Catherine avait peine à maîtriser sa colère quand le nom de Léopold où celui de l’Autriche était prononcé (1). La Prusse n’envisageait la possibilité d’une Pologne forte sous la protection autrichienne qu’avec une jalousie mal dissimulée mais, pour le moment, le danger dont la menaçait la Russie lui paraissait être d’un intérêt bien plus immédiat. Elle se décida donc, pour isoler complètement la Russie, à reconnaîtra la constitution du 3 mai; et, abandonnant tout à fait le système de Frédéric II, elle conclut, le 25 juillet 1791, un traité d’alliance provisoire avec l’Autriche. Comme c’étaitl’époque oùles événements de France commençaientà peser lourdement sur la politique allemande, on crut généralement que l’alliance des deux puissances était surtout tournée contre la Révolution. Mais la Prusse songeait beaucoup moins à la France qu’à la Russie, et l’Autriche déclara en septembre que l’acceptation de la constitution par Louis XVI tranchait la question française. L’alliance des deux puissances n’avait d’autre but que de maintenir et de défendre ce qui existait. Pour ce qui concernait la France, elles étaient parfaitement d’accord, et conservaLent toutes deux l’espérance de ramener les Jacobins à la paix et à la modération par un important déployement de forces. Mais, dés qu’il s’agissait de la Pologne, leurs vœux secrets n’étaient plus les mêmes. L’Autriche songeait à donner à ce pays une force durable sous la nouvelle constitu(1) Ssotowjoff, La e/ii~e de la Pologne, 263.