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i’AM’AGE DE LA POLOGNE. LE TRAITÉ. 17S 1 l’ 1

Belgique rendant l’acquisition de la Bavière très-douteuse pour l’Autriche, l’empereur s’opposait aux prétentions de la Prusse; comment il pensait pour lui-même à la possession d’une province polonaise, et comment il comptait, dans cette grave circonstance, réclamer l’intervention de l’Angleterre. Ces nouvelles mirent fin aux longues hésitations de la czarine. L’instruction qu’elle donna à son nouveau chargé d’affaires à Varsovie, le comte Sievers (t), peut nous faire connaître quelles étaient alors ses intentions. On y découvre très-clairement la répugnance avec laquelle elle renonça au système de vasselage pour la Pologne. Avec toute la passion du maître et du propriétaire, elle eût volontiers défendu les Polonais contre les envahissements allemands, si ce peuple ingrat n’avait repoussé lui-même sa puissante protection. <: Des le commencement de notre règne, disait-elle, nous avons cherche à établir nos relations avec la Pologne sur des bases solides; mais, loin d’y répondre par de l’amitié les Polonais ne nous ont montré que haine et soupçon; c’est ainsi qu’on en est.arrivé, en 1772, au premier partage, auquel chacun sait que les événements seuls ont forcé la Hussie a prendre part. Depuis, nous avons toujours témoigné aux Polonais les mômes sentiments de protection, et toujours nous avons trouvé chez eux la même répulsion. Après la révolution du 3 mai, nous avons provoqué ht confédération de Targowicc et nous avons remis le gouvernement de la Pologne aux Targowiciens et à leurs partisans. Mais ceux-ci sont comme les autres, égoïstes, désunis, et l’on ne peut se Ciel, a eux. Le roi Stanislas excite continuellement le peuple et l’armée contre la Russi’e, les Targowiciens craignent que la retraite des troupes russes n’amène sur-le-champ une révolution générale, et, pour combler la mesure, la peste des doctrines françaises se répand dans tout le pays. Il est évident que, dans de telles circonstances, il n’y a aucun espoir d’amélioration et qu’on aura toujours dans les Polonais des voisins turbulents et’dangereux, tant qu’on ne les aura pas réduits à une complète impuissance, »

Ces mots nous expliquent toute la politique de Catherine rela(1) Du 22 décembre. – PuMiu par Smitt. Souwofow, II, 522.