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CHANGEMENT DE MINISTÈRE EN AUTRICHE. 251

riche dédommagement aux dépens de la France, c’est-à-dire la première ligne des forteresses frontières, la Lorraine et l’Alsace, mais de ne consentir sous aucun prétexte à l’échange bavarois. Thugut se montra très-coulant à ce sujet. « Si l’Angleterre, dit-il, conclut une solide alliance avec l’Autriche, l’empereur consentira à renoncer pour le moment à son vœu le plus cher, l’échange bavarois, bien qu’il ne puisse pourtant s’engager à n’y jamais revenir. » M joignit à cela de longues dissertations sur l’agrandissement de la Hussie en Pologne. Il faisait en ce moment même sonder l’opinion à Londres pour savoir si l’Angleterre voudrait s’opposer au partage de ce pays et quels moyens elle emploierait pour cela. On voit qu’il cherchait, par cette renonciation provisoire à la Bavière, a s’assurer l’appui de l’Angleterre contre les puissances du Nord, tout en réservant ses prétentions pour l’avenir (1).

Si l’on considère l’ensemble de ces déclarations, on reconnaît que tout se réunissait pour amener la rupture de la grande alliance conclue contre la Révolution. La Prusse avait toujours fait d’une acquisition en Pologne la condition de son intervention armée. Plus elle avait compté, depuis les négociations de Vienne, sur l’adhésion de l’Autriche, plus elle se trouvait dégagée par la conduite de Thugut de toute obligation en cas de gnerre offensive contre la France. H est de toute évidence que, par suite des forces respectives dès-grandes puissances, l’aide de la Prusse était indispensable à l’Autriche et ne pouvait nullement être remplacée par l’amitié de l’Angleterre. Il ne pouvait donc y avoir de plus funeste contre-sens que d’anéantir d’une part le traité avec la Prusse, et d’adopter de l’autre le plan de conquête proposé par l’Angleterre. L’Autriche n’avait le choix qu’entre deux partis si elle voulait sauver la Pologne ou prendre part aux conquêtes qu’on y ferait, il fallait qu’elle cherchât à conclure la paix avec la France ou bien, si elle persistait a vouloir (t) Voyez à ce sujet la correspondance échangée pendant le mois d’avril entre les minières aurais et lord Auckland (Co~’c.pon~cc of lord Auckland, LII, p. 1 à. 50). On y voit suf-c~sivement toute!- [es veUeités de la poUtique autrichienne; on y voit aussi que t’Angteterre s’oppose constamment à l’échange bavarois, promet l’acquisition des places fortes de la frontière de France, et se plaint de t’obscuri~ dont l’Autriche enveloppe ses projets, ~-Tr. c