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FIN DU POUVOIR DE DANTON. 3&3

cette extrémité, le Comité résolut de faire une dernière tentative. En ce moment même, les ambassadeurs Sémonvillo et Maret partaient, l’un pour Constantinople, l’autre pourNaples les mers étant bloquées, tous deux devaient traverser la Suisse et la Ilaute-ItaUo. Ils repurent donc pour Florence, Naples et Venise la mission secrète de promettre t ces États la conservation des jours de la reine prisonnière, s’ils voulaient conclure un traité d’amitié avec la France (1). Danton n’était pas étranger à ces démarches (2); mais, pas plus que ses collègues, il ne pouvait répondre du salut de la reine. Toutefois, on devait espérer que ces États ne se décideraient pas sans avoir consulté l’empereur, et que cela retarderait encore quelque peu les hostilités de l’Autriche.

Mais lorsque le Comité prenait ces mesures extraordinaires, les heures de son pouvoir étaient déjà comptées. Une fut pas renversé par un malheur inattendu, par une haine particulière ou par une aversion personnelle; c’étaient les circonstances, dans leur ensemble, qui l’avaient rendu impossible. Il avait fondé son existence sitr la concorde et la conciliation, et le temps des moyens conciliateurs était passé à tout jamais. Les Jacobins s’étaient couverts de tant de crimes qu’ils ne pouvaient laisser la vie à aucun de leurs adversaires sans s’exposer trembler sans cesse pour leur propre existence. Cette terrible conséquence de leur conduite passée se fit sentir dans l’affaire des généraux aussi bien que dans celle des villes révoltées. Si l’on ne réussissait pas à envoyer Custine et Biron à l’cchafaud, les accusations d’excitation à la révolte, de pillage et de malversations de toute nature restaient suspendues sur les agents de Bouehotte, les favoris de la démocratie parisienne. Si l’on ne réduisait pas les villes à une soumission absolue, leschefs des patriotes lyonnais, marseillais et bordelais étaientperdus sans retour, car partout ils allaient être appelés à comparaître pour leurs révoltes, leurs meurtres et leurs déprédations devant des juges mortellement irrités. Aucun rapprochement, aucune réconciliation n’était possible entre des intérêts si opposés. Déjà (1) Durozoir, Biographie UM:’t’c)~c/ 93, 104, d’après une déposition de Maret confirmée par Cb. du Sur (/,c ;/Mc de ~<MO?.o, p. 67). Que Maret n’ait pas fait iNfntionde cette circ~ustance aMatmesbury, à Lille, en 1797 (ÙM)’M, Uf, 483), cela tip prottf rien contre ce que nous avançons.

(2) MaUut du Pan, ~M:o!e. U, 53.