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RUPTURE DE LA COALITION. 37~

devait s’y attendre, qu’il fallait avant tout que l’Autriche accédât, au traite de Saint-Pétersbourg’ et garantît à la Prusse ses acquisitions en Pologne. Lehrbach résista d’abord, puis il finit par dé" çlarer que le cabinet russe, loin de tenir à ce que l’empereur souscrivît au traité, était disposé à profiter de la première occasion pour donner une partie de la Pologne à sa vieille alliée (t). Après toutes les résistances que la Prusse, depuis le commencement de l’été, avait rencontrées a Grodno relativement à ses acquisitions en Pologne, rien ne pouvait être plus désagréable au roi que cette manifestation des nouvelles prétentions de l’Autriche; toutefois il évita encore de faire une réponse qui aurait presque équivalu à une rupture. On venait précisément de recevoir le projet présenté le 25 août par Sievers; pour se soustraire aux complications que pouvait susciter l’Autriche, on passa sur ce que la délimitation des frontières avait de désayan’ tageux, et le roi s’empressa d’envoyer son assentiment. « Dans les conjonctures actuelles, écrivit-il au général Mcellendorf, nous avons trop besoin de l’amitié de la Russie pour nous exposer à de longues difficultés au sujet d’un si petit avantage. Ne doutant pas du résultat, il envoya à Grodno, suivant l’usage, des tabatières enrichies de diamants pour le chancelier et le grand-général de Pologne, ainsi que l’ordre de l’Aigle noir pour Sievers et Igelstrœm; puis il ne songea plus qu’à compter les heures jusqu’à l’arrivée du courrier qui devait lui apporter la nouvelle de la signature du traité.

Mais, au lieu de cette nouvelle, il reçut la dépêche par laquelle Buchholz lui annonçait que rien n’était fait, qu’on n’avait pas obtenu la plus petite garantie, que les Autrichiens intriguaient de tous cotés, et qu’on ne pouvait plus compter sur l’appui de la Russie. L’effet produit par cette communication fut profond et violent. Le roi n’hésita plus un instant sur la conduite qu’ilavait à tenir. Il n’avait promis son secours dans la guerre contre la France que pour la campagne de 1793, et à la condition qu’il (1) Le roi fit aussitôt envoyer un compta rendu détaille des négociations à plusieurs de ses ambassadeurs, notamment à Caesar, son chargé d’auaires à Vienne, le 27 août; au comteTaueuxien, en Belgique, le 2 septembre; an comte de Gultz, à Saint-Pétersbourg, le 25 octobre. A cela viennent se joindre les rapports de Caesar et les lettres de sir Morton Eden à tord Auckland, 20 août, et à lord Grenville, 31 août.