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390 RÈGNE DE 1~ TERREUR EN FRANCE.

gréable, et it se promit de ne jamais entrer au Comité cependant )a rupture ne fut pas complète, grâce à un adversaire commun qui, en ce moment même, se dressa devant les deux partis et les maintint réunis malgré leur mésintelligence particulière. Cet adversaire était la coterie de l’Hôtel de Ville unie celle du ministère de 1~ guerre, Chaumette, Hébert, Vincent, Ronsin et le.urs amis, les Hébertistes enfin, comme ils furent depuis habituellement nommés. Jusque-), ils avaient toujours été d’accord avec Robespierre, qui, ayant besoin de s’appuyer sur eux, s’était montré favorable a leurs desseins cet accord régnait encore sur les points importants, tels que leur haine contre la reine et Custine et leur amitié pour Bouchotte et Rossignol; mais Robespierre était devenu le chef du pouvoir, tandis que les Hébertistes étaient restés dans une position secondaire il n’en fallait pas davantage pour les séparer. Hébert et Vincent, qui désiraient par-dessus tout la puissance et les jouissances qu’elle procure, s’élevèrent donc le I" août contre la proposition faite dans le but de donner au Comité de Salut public un pouvoir iHimité et pour un temps indéterminé; puis, le 5, Vincent communiqua sa fureur aux Jacobins, auxquels il fit voir dans la motion de Danton une violation du plus saint des devoirs, un crime contre la majesté du peuple. La Convention ayant repoussé le projet, cette querelle n’eut pas de suite aux Jacobins mais eiïe avait suffi pour dessiner la nouvelle situation des partis, et l’occasion d’une lutte bien plus grave ne tarda’pas à se présenter.

Le 10 août approchait, et avec lui la fête de la nouvelle constitution. Les commissaires des départements arrivaient peu à peu à Paris, et le gouvernement, qui n’était nullement certain d’avoir établi son influence dans les provinces, si récemment soumises, les faisait surveiller tout le long de la route, mais plus encore dans la capitale (1). La plupart étaient des Jacobins des clubs de province, aussi violents que leurs frères de Paris, qui se réunirent aussitôt au club central et se trouvèrent par la entièrement .soumis à Hébert et à ses amis. Toutefois on

(1) Par MaiUard, le héros d’octobre, et pat’ yhigt-ttmt. commissaires spéciaux Les frais de cette surveillance s’élevèrent à 22 000 livres (Convention nationale 2 janvier 1794; rapport de Voulland).