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SB COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

d’emprunts belges, à se procurer l’argent dont il avait besoin. Pache et Bidermann envoyaient à l’envi en Belgique des commissaires qui avaient toujours pour instructions de s’emparer, sous divers prétextes, des richesses du pays et d’exciter le peuple à la révolte le général, au contraire, exprimait hautement la résolution de ne pas laisser l’anarchie et le pillage s’établir en Belgique. Il avait pour cela de doubles motifs, personnels et politiques. Ainsi que nous le savons, il connaissait la Belgique depuis des années, et il avait, par ses relations, beaucoup contribué à faciliter la conquête de ce pays il était lié aussi bien avec l’opposition cléricale qu’avec l’opposition démocratique, dirigées l’une et l’autre contre l’Autriche; il avait promis à toutes deux la réalisation de leurs désirs, et, aussitôt après la victoire de Jemmapes, il avait satué dans la Belgique un pays libre et allié de la France. Son honneur était donc engagé à ce qu’on traitât ce pays d’une manière amicale et pacifique; il pensait, d’ailleurs, qu’il était de l’intérêt de la France d’avoir sa frontière du Nord couverte par une république florissante, et pour cela, il fallait mettre la Belgique à l’abri des excès de la populace parisienne. Enfin, il désirait par-dessus tout apparaître aux Belges comme un sauveur destiné a les protéger contre les Jacobins, afin de se ménager leur appui, en cas de besoin, contre le ministère français.

Ce n’était pas une tâche facile que celle de conquérir et de conserver une te)Ie position. Une fois le pays occupé, il devint impossible au général de rester en bonne intelligence avec tous les partis; dès qu’il mit le pied sur le territoire belge, il fallut qu’il se décidât pour l’un d’eux, et, comme on devait s’y attendre, ce fut le parti démocratique qui l’emporta. A peine Dumouriez était-il arrivé à Mons, qu’il prononça, avec l’assentiment de la Convention, l’abolition de l’ancienne constitution du pays et annonça des élections nouvelles, faites au moyen du vote universel, pour établir une administration provisoire; en revanche, il promit aux Belges de les traiter en alliés. On vit alors combien les démocrates étaient peu nombreux en Belgique. Ils n’eurent réellement la majorité que dans le Hainaut et le pays de Liège (1) (1) Voy. pour les événements de Belgique, Borgnet, B; des Belges, vol. Il, d’à près les actes des différentes provinces et villes.