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402 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

bonheur de repousser les Vendéens après un sanglant combat. Enhardis par ce premier’acte d’autorité, les’ commissaires, qui depuis longtemps se plaignaient avec raison de l’incapacité de Rossignol, prononcèrent à leur tour la destitution de ce général, lequel, conformément au système adopté par le Comité, venait de défendre toute nouvelle attaque. Mais Rossignol avait auprès de lui d’autres commissaires dévoués, qui l’acompagnèrent sur-le-champ à Paris, et qui dénoncèrent à la Convention et aux Jacobins les scandales qui venaient de se passer. Les deux généraux étaient, moralement parlant, aussi dépravés et aussi corrompus l’un que l’autre; mais Tuncq n’était qu’un habile soldat, tandis que Rossignol était un zélé patriote, ennemi déclaré des aristocrates. Cela suffit pour que la Convention se prononçât en faveur de Bouchotte et de Rossignol, et, par conséquent, contre les Dantonistes. Les deux commissaires furent rappelés, et Rossignol fut solennellement réinstallé dans ses fonctions. Le parti de l’Hôte) de Ville triomphait encore une fois. L’agitation causée par ces scènes scandaleuses fut tout à coup interrompue par un bruit qui jeta le trouble dans tous les esprits, par la première nouvelle de la perte de Toulon. Nous avons vu plus haut que les Jacobins de cette ville ne le cédaient en rien à ceux de Lyon; le projet d’un pillage général et de l’extermination des classes aisées n’avait pas tardé à s’y manifester par des meurtres~politiques et d’iniques contributions. La bourgeoisie supportait déjà depuis plusieurs mois une oppression odieuse, lorsque les événements du 31 mai étaient venus lui enlever toute idée de résistance. Le club, qui avait à ses ordres de vigoureux matelots et les ouvriers du port, avait fixé au 1& juillet l’exécution d’un grand coup de main. Une liste de plusieurs centaines de victimes avait été dressée, des bandes de meurtriers avaient été réparties entre les différents quartiers de la ville, et la municipalité, dans le but de prévenir toute tentative de résistance de la part de la population, avait fait annoncer à son de trompe que toute proposition tendant à réunir les assemblées des sections serait considérée comme un crime et punie de mort. Le 12 enfin, le club fit faire une marche militaire à ses bandes afin d’exciter leur zèle et d’effrayer les habitants, dont les maisons furent cà et là marquées d’un cercle rouge destiné à les désigner